Je chasse le dragon
- Son nom est là, inscrit sur la porte de mon dortoir.
- "Tyler".
- Qu'est-ce que son foutu nom fait sur ma porte?
- Écriture noire, fine et cisaillée. Étiquette scolaire, blanche, bords ronds.
- Il m'a pris mon sommeil, mon inconscient, Marla. Le voilà qui s'approprie ma chambre de son nom clignotant, aux lettres hachées; placardé sur ma porte sous le nombre 213.
- J'enfonce la clé dans la serrure, ouvre la porte, prêt à le trouver assis, là, sur mon lit, la face détruite par le fight club du soir précédent, une cigarette pendouillant à son rictus tâché de sang.
- Mais Tyler n'est pas là.
- Il a tout fait exploser en morceaux. Ma collection de condiments, mes meubles suédois Ikéa, mon classeur de béton pour jeunes cadres dynamiques.
- Combien de temps faudra-t-il à Tyler pour réduire ma minable petite chambre en un tas de napalm fumant ou en une usine à savon?
- Peut-être rentrerais-je un soir. J'enfoncerais machinalement la clé dans la serrure pleine de fréon. La prise "non reliée à la terre" près de mon lit émettrait une étincelle et tout exploserait.
- Préparez-vous à évacuer l'âme dans :
- Dix.
- L'air empeste le tabac froid...
- Neuf.
- ...Et le savon au chèvrefeuille.
- Huit.
- Un mégot écrasé près de mon propre pied et un mot.
- Sept.
- De Tyler. Sur le bureau.
- Six.
- Un entonnoir, près de l'ordinateur rempli des graisses de riches héritières liposuçées. Je sais cela car Tyler sait cela.
- Cinq.
- Le mot. A côté de l'ordinateur.
- Quatre.
- Mes doigts passent entre les deux bouts de papier blanc collés l'un à l'autre.
- Trois.
- Mon nom est écrit de cette même plume noire, acérée, morbide.
- Deux.
- Mes indexes s'écartent de mes pouces. Le papier s'ouvre :
- "Un."
- L'ordinateur grésille.
BOUM
- Petit texte écrit à Dupré et inspiré par ce lieu maudit. Texte clairement inspiré de "Fight Club", mon film préféré, ma référence.
(Photo : Nikki Sixx (Mötley Crüe) pour son (merveilleux) livre "The Heroin Diaries".)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire