2011/11/27

Avenir, es-tu là?

  • Ah... Je savais bien que je n'allais pas l'avoir ce concours d'entrée en école d'éduc' spé.
  • Il existe un petit désagrément qui m'arrive de temps à autre. Les crises d'angoisse ou attaques de panique. J'en avais eu quelques unes dans le passé sans vraiment les identifier en tant que telles sur le coup. Je me suis toujours sentie anxieuse en cours, dans les endroits surpeuplés, fermés. Sans aller jusqu'à l'agoraphobie ou la claustrophobie cependant. J'ai toujours réussi à garder plus ou moins le contrôle de moi-même.
  • Je suis également le genre de personne qui, lorsqu'elle a un truc en tête, en devient obsédée et ne parvient plus à se concentrer sur autre chose. Que ce soit un film, un bouquin, une personnalité. Simplement pour noter en passant que je présente pas mal des névroses largement répandues dans ce monde et qui atteignent chacun d'entre nous à différents niveaux.
  • Ma vraie première crise de panique s'est déroulée au concert des Guns 'n' Roses, en septembre 2010. Le 13 septembre 2010 pour être précise.
  • Impression d'étouffer, d'avoir envie de vomir, d'être sur le point de tomber dans les pommes, de devenir folle pour le restant de mes jours et de devoir mourir pour y palier. Je raconte pas le bordel...
  • J'avais déjà été à des concerts en fosse, notamment à celui de Korn. Groupe de métal, aux fans très "enthousiastes" et "collants" (et glissants, vive la sueur ;)).
  • J'ai donc attribué ma crise d'angoisse au fait de me sentir compressée. Au bout de plus d'une heure et demi écrasée par de costauds et virulents rock 'n' roller, quoi de plus normal? Je me suis juste demandé "pourquoi cette fois-ci et pas une autre?". ça m'aurait quand même plus dégoûtée de devoir quitter le premier rang d'un concert de Green Day mais devoir retraverser toute la fosse après m'être démenée pour être à trois mètres d'Axl Rose... grr... La rage.
  • 'Fin bon. Si je sais bien une chose c'est que le fait de craindre les futures crises d'angoisse les déclenche presque automatiquement. J'ai donc décidé de ne pas tomber dans ce cercle vicieux et de ne pas me laissée happer par cette folie douce. Je me suis rassurée (sans trop y croire) en me disant que la vie quotidienne était loin d'être remplie de ces situations angoissantes d'enfermement. Après tout, être serrée comme une sardine dans le métro ce n'est rien et, à la limite, sortir quelques stations avant la mienne pour reprendre mes esprits n'a rien d'infaisable en soi.
  • C'est donc confiante et légèrement stressée que je me rends à mon épreuve écrite d' éducatrice spécialisée. Je ne me sens pas très à l'aise, j'ai cette sensation d'être de nouveau au lycée, je n'aime pas cette ambiance mais je m'oblige à transcender tout ça.
  • Arrivée dans la salle d'examen je pose mes affaires et attend patiemment que la demie-heure qui nous sépare du début de l'épreuve prenne fin. C'est alors que je commence à me sentir comme à l'école. Personne ne parle. ambiance studieuse qui s'intensifie lorsque l'épreuve commence pour de bon.
  • Je suis en sueur, mes mains tremblent. J'ai la sensation d'être loin, très loin. Que ma vision se trouble, je me sens trop légère comme si je m'évanouissais. Je demande à aller aux toilettes.
  • J'en profite pour me passer un peu d'eau sur la figure, pour respirer, me calmer. ça semble aller mieux. Je retourne à ma place et l'enfer continue.
  • Je suis crispée, je gesticule, j'essaie de respirer, de faire redescendre mon pouls à une cadence normale. Comme dans les films. Comme les moines Shaolins pour qui cela semble si facile. Je fais tout pour me détendre mais c'est peine perdue. Mon ventre se contracte et semble "exploser" de l'intérieur, il gargouille comme si j'avais faim. Encore une chose qui me fait me sentir encore plus mal à l'aise.
  • Finalement, 30 minutes après le début de l'écrit, je demande à la surveillante si je peux partir. La mine dépitée, je lui explique ce qui m'arrive. Je suis déçue de devoir capituler mais tellement désespérée de quitter cet endroit.
  • Elle me dit qu'elle aussi fait des crises de panique et que c'est dommage d'abandonner mon concours pour ça. Elle appelle donc une responsable de l'école et celle-ci me permet de passer l'épreuve dans une salle isolée située à côté du secrétariat. Je la bénis intérieurement. J'ai déjà perdu pas mal de temps mais me mets au boulot. Je vais beaucoup mieux même si je me sens un peu faiblarde.
  • Malheureusement le sort s'acharne contre moi. Grande page blanche lorsqu'il s'agît de répondre à la seconde (et dernière) question de l'exercice. Je sais bien que le social regroupe énormément de générations, de genre de handicaps différents, de problématiques MAIS : Quel jeune, même hyper calé sur l'actualité en maison de retraite, connaît quoi que ce soit au débat du "Cinquième risque" en institutions pour personnes âgées? QUI? Il n'y a peut-être que moi que ça n'intéresse pas... Désolée...
  • Déjà qu'ils nous ont foutu un texte sur les vieux, il faut en plus connaître tous les débats, toutes les législations en vigueur à ce sujet là? Quand bien même 99% des participants avaient mon âge? Et bien je dis merde.
  • J'ai eu 6 points pour ma copie, pour une question. Bien sûr ce n'est largement pas assez pour être dans les 95 premiers participants. Pour être sélectionné il faut s'instruire sur les sujets les plus chiants du monde. C'est peut-être mal perçu mais je n'aime pas tout ce qui touche aux vieux, à la retraite, aux hospices... Peut-être que ce qui se cache derrière me fait peur? Peut-être que je suis un monstre? Mais chacun ses envies. Vouloir faire dans le social ne signifie pas jouer les Mère Thérèsa.
  • Ce que j'ai remarqué de positif cependant, c'est que je suis toujours bien entourée au moment où une grosse crise de panique pointe le bout de son pif.
  • Ma référente était là pour moi lors de ma crise au ski à 2000 mètres d'altitude.
  • Ma porte blindée et le cocon de mon lit étaient là eux aussi, la veille des Guns, après ma crise en pleine rue.
  • Et celle qui eut lieu aux Guns me permit de faire la connaissance de deux Gunners trentenaires très sympas. L'un maître d'une classe de CE2. L'autre, agent immobilier. Le premier était sujet aux attaques de panique (là aussi, la chance fait que je tombe toujours sur des "condisciples", ce qui prouve bien que c'est beaucoup plus répandu que ce que l'on croit) et m'a rassurée, m'a faite prendre l'air, m'a évité de rester seule alors que je paniquais encore plus de ne pas savoir ce qui m'arrivait.
  • Le second m'apportait de grands verres à pintes en plastique remplis d'eau fraîche du robinet (ou des chiottes, pour ce que j'en sais...) et m'allumait mes clopes tant mes tremblements me rendaient incapable de le faire moi-même.
  • Ils m'ont permis d'être "surveillée" en période critique jusqu'à ce que mon frère (à qui j'avais dit de rester devant et de profiter) vienne me rejoindre dehors et prenne le relais.
  • Un grand merci à toutes ces personnes, ces anges d'un instant.
  • Quant à mon concours, je ne m'arrête pas là et ne suis pas le moins du monde surprise d'avoir échoué. Peut-être est-ce une chance finalement. De quoi, on verra. Ce qui me tracasse c'est de me dire que le fait de me retrouver dans une salle remplie de monde mais SILENCIEUSE me fait perdre mes moyens. Bonjour les DST et les exos surprises en cours. Je ne supporte pas un endroit rempli de personnes qui ne parlent pas , qui ne font aucun bruit. Au moins, ça je le sais.
Pour un petit bonus sympa : imaginez un prof de CE2 censé montrer l'exemple et un agent immobilier censé être clean, à un concert de hard rock, en mode rock 'n' roll à fond et largement imbibés de bière. Il y a de quoi ne plus jamais regarder les profs et les gentlemen en costards de la même façon...

2011/11/25

Palapapapa! ...

  • Petite note sur mon expérience Mc Donald's qui aura à peine duré deux semaines et demi.
  • Comme beaucoup de jeunes recrues de la vie fraîchement sortis du cocon scolaire, l'envie de me faire un peu d'argent de poche en donnant de ma personne m'est venue en tête.
  • Je m'occupe déjà d'un gamin que je vais chercher à la sortie de l'école en semaine. Mais ayant retrouvé depuis peu un dynamisme débordant, je m'imaginai la future promesse de satisfaction personnelle résultant d'un petit job étudiant qui m'aurait permit de substituer à mes propres (et minces) besoins par mes propres (et honnêtes) moyens.
  • Je me retrouve donc à postuler chez Mc Donald's. J'en ai des retours plutôt positifs. De personnes n'ayant jamais mis les pieds de l'autre côté du comptoir mais ayant connu des "gens" qui n'en avaient dit que du bien. Et puis McDo est quand même réputé pour être LE boulot estudiantin par excellence. Facile d'accès, facilité pour grimper les échelons, payé au SMIC, horaires ajustables à l'emploi du temps, bonne ambiance, etc...
  • Je n'avais pas eu de réponses en posant ma candidature pour un job d'été. Cette période de l'année doit sans doute être assiégée par les CVs et autres lettres de motivation... Je me dis que j'aurais certainement plus de chances à la rentrée.
  • Bingo! A peine trois jours après avoir posé ma petite enveloppe immaculée, l'une des responsables McDo me contacte pour convenir d'un entretien d'embauche. Premier contact téléphonique très sympa, décontract'. J'ai trois jours pour m'entraîner à vendre ma personne du mieux que je peux, pour trouver un moyen de mettre mes qualités en avant, minimiser mes défauts... ou les améliorer pour qu'ils puissent paraître comme "pas contraignants" et "qualités en devenir".
  • Je stresse, j'envoie des messages à mon frère, je discute avec mes parents, ma belle-mère pour qu'ils me listent ce qu'ils pensent principalement de moi, en bon comme en mauvais. J'ai du mal à me cerner, à synthétiser. Je dirais bien que "c'est pas pour rien que j'étais en série littéraire" mais la vérité c'est que c'est la seule filière qui regroupait des matières dans lesquelles j'étais pas trop nulle et qui m'ennuyaient le moins. Bref.
  • A partir de ce moment se pose un léger problème. Entre ceux qui dérivent sur des petites manies qui n'ont rien à voir avec des défauts, qui ne risquent en rien de mettre en péril un quelconque travail; et ceux qui semblent se geler les boudins tant ils prennent des gants. Heureusement, parmi ceux cités plus haut (que je remercie tout de même sincèrement pour leur aide), il existe la personne impartiale, objective et juste. Mon frère.
  • Après trois jours de stresse (premier entretien oblige), j'arrive dans le resto auquel je suis affectée avec toute la paperasse nécessaire et mes fameuses "listes" en tête.
  • Celle qui m'accueille (avec 30 min de retard) et celle-là même qui m'a téléphonée le week end précédent. Elle me paraît toujours très sympa. Petit à petit ma tension redescend pour retomber à la normale. C'est elle qui parle, je me contente de répondre par des "ok", "oui" et "d'accord" convaincants. Elle m'explique comment fonctionne l'enseigne, qu'ici c'est un resto franchisé qui fonctionne avec trois autres restos sur Paris (dont l'un dans lequel j'avais déposé mon CV)... Je me rends compte par la même occasion que toute ma préparation antérieure à l'entretien ne servait strictement à rien. Elle m'avait simplement faite venir pour me dire que j'étais prise (elle me l'a dit trois fois d'affilée quand même...) et pour me donner l'heure de mon second entretien avec le directeur.
  • Deux jours après le dirlo me reçoit. L'air légèrement autoritaire (faut bien) mais plutôt cool. Il m'explique quelques détails, me parle de la notion de famille, de bonne ambiance. Au sein de la fratrie McDo, tout le monde se tutoie. Puis il me donne la date et l'heure de mon embauche aux bureaux Mc Donald's, à Vincennes, où je recevrai ma formation et mon uniforme.
  • Deux jours plus tard me voilà en face du château entrain d'essayer de trouver la "rue du Donjon".
  • Nous sommes, quatre autres jeunes et moi-même, accueillis par la responsables qui nous a fait passé l'entretien d'embauche. Au programme : visionnage de vidéos semblant dater de 20 ans (la télé également) sur l'hygiène, la sécurité et le prestige McDo. De beaux et rutilants employés nous font part de leurs expériences au sein de la société à grand renfort de sourires éblouissants, de teints frais pêchés la veille et de mines épanouies.
  • Puis lecture, signature des contrats. On reçoit nos uniformes dans de jolis sacs à bandoulière dont on peut choisir la couleur (Waoh).
  • A la fin de cette intégration, nous avons chacun la date de notre premier jour de travail.
  • Il me tarde de commencer. C'est nouveau, sympa, j'ai l'impression de voler de mes propres ailes tel un petit oisillon jeté du nid.
  • Premier jour : stresse dû à l'anticipation, vérifiage intense de mon sac pour être sûre de ne pas avoir oublié la moindre parcelle de mon uniforme. J'arrive 25 minutes en avance. Le temps de me changer en tremblant, je pointe 4 minutes en retard... Le manager ne me fait pas de reproche, il me le fait juste remarquer. Une erreur de nouveau, ce n'est pas si terrible.
  • Il me dit que je vais être formée à la caisse et je jubile. Pas envie de nettoyer chiottes, tables et salles (lobby) ni d'être en cuisine. La fille qui me forme pour ce premier jour se démène tant bien que mal pour me montrer le fonctionnement de la caisse tout en prenant les commandes des clients en semi rush (rush=grosse affluence). J'ai du mal à enregistrer tout ce qui est "menus spéciaux", offres imagin' R" mais je me débrouille plutôt bien une fois la caisse entre les mains.
  • C'est marrant de se retrouver à "faire la caissière" comme quand on est gamine, rendre la monnaie, dire bonjour, merci, au revoir. Au début. Parce que l'on se rend vite compte que les clients de la vie réelle sont beaucoup moins plaisants et arrangeants que monsieur Nounours et autres peluches engagées pour le jeu de rôles.
  • Mais je tiens bon. Je me dis qu'ils ne sont pas tous comme ça, que ça peut arriver à tout le monde d'avoir une mauvaise journée, que certains sont juste un peu ronchons mais pas méchants. La vérité c'est que sur dix clients, plus de neuf d'entre eux sont des connards finis. Ceux qui te regardent de haut, qui te prennent pour une débile, qui te prennent pour un chien ou un esclave, ni bonjour ni merde ni au revoir. Ceux qui prennent les sandwichs faits sur demande mais qui ne supportent pas d'attendre trois minutes. Ce sont les mêmes qui ne diront rien si ils poireautent 20 minutes au resto entre chaque plat...
  • Dire que je n'ai même pas vingt ans et que j'ai toujours pris soin de ne pas passer ma sale humeur sur les caissières, le personnel des magasins que je fréquentais en me disant que ça devait pas être facile comme boulot, que ces gens bossaient et que, malgré le fameux "le client est roi", je n'avais aucun droit de me comporter comme une petite conne.
  • Ce n'est pas ma faute si je suis en formation, si je suis plus lente que les autres ou que je fais des erreurs. Quand j'enlève mon polo frappé du célèbre "M" et que je rejoins le côté client du comptoir, je suis comme tout le monde.
  • A part ces quelques désagréables constatations, je suis satisfaite de ma première journée.
  • La deuxième arrive le samedi suivant et les deux premières heures sont une horreur. Et vas-y qu'on appelle le manager pour qu'il répare les erreurs, et vas-y que le client il revient parce que t'as oublié une frite. Puis je me rôde, trouve mon rythme et l'affreux moment où je sentais les larmes de stresse me monter aux yeux et où je devais me retenir de sauter par dessus le comptoir pour m'échapper par la porte n'est plus qu'un souvenir. Et oui, c'était à ce point. Le manager et l'équipe étaient sympas, il était normal que je ne sache pas tout mais le fait d'être incessamment exposée aux regards est quelque chose de trèèèèès perturbant.
  • Je retourne chez moi, au calme et me dis que "demain sera meilleur". Effectivement. Troisième journée parfaitement réussie! J'apprends vite. J'ai toujours une formatrice (chaque fois différente) en back up qui me prépare sacs à emporter et plateaux lorsque je suis à la caisse et qui encaisse et prend la commande lorsque je prépare cette dernière.
  • Je rentre chez moi contente et sûre d'avoir acquis le plus gros.
  • Durant les jours suivants, je ne stresse plus. Je prends confiance. Mais malheureusement je me rends vite compte que je sais déjà tout ce qu'il y a à connaître, que je dois travailler sur la rapidité mais que je n'ai plus rien de vraiment fondamental à apprendre. Et je m'ennuie. Les heures traînent, c'est interminable. Mouvements, paroles, techniques robotisés, mécaniques. Attention sollicitée en permanence. Je ne m'entends plus penser. Je n'ai même pas le temps de penser!
  • Le rush est infernal mais les soit disant "heures creuses" ne le sont pas moins. C'est du non-stop. D'un côté je suis heureuse, moi qui déteste rester assise sans rien faire. D'un autre je suis épuisée physiquement et surtout mentalement.
  • Parce qu'il faut savoir que piétiner entre le bin (là où attendent les burgers), la machine à sundaes, la friteuse et la caisse pendant 4 heures, ça use les pieds. C'est bâtard, c'est pas vraiment de la marche, ça tapote sur la plante des pieds, ça martèle doucement, longuement. Parce qu'il faut se souvenir de dix choses à la fois : d'un maximum de produits de la commande quand arrive le moment où l'on en a marre de faire trente allers-retours à la minute, de faire bouillir les frites, les agiter et les retirer quand ça sonne et qu'il n'y a personne désigné "aux frites" en période creuse, de se souvenir à qui appartiennent les nuggets/sandwichs/wraps qui ont pris plus de temps à être préparés. Le must c'est quand trois ou quatre personnes à la suite attendent ces produits retardataires et qu'il faut toujours garder en tête "quoi a été commandé par qui" (pas français mais bon), "depuis combien de minutes".
  • Le "bip" des machines, le bruit des cuisines, ça crie, ça brasse, ça bouscule. Une véritable petite fourmilière. Combien de kilomètres peut-on parcourir en 4 heures de piétinements?
  • Je sors de là, je marche au ralenti, je ne sens plus mes jambes, mes pieds et mon dos sont en compote, ma tête enfle de plus en plus, ce qui me sert de cerveau semble pousser contre les parois de ma caboche. Et je pense que je suis en formation, donc j'ai moins d'heures que les autres. Que bientôt je ferai sept ou huit heures presque d'affilée à ce rythme là. Les gens passent ou marchent à mon côté et je pense : "Jusqu'où irait-il dans "l'abjectitude", celui-là, pour me montrer sa révolte face à l'affront d'avoir patienter 30 secondes de plus pour son Big Mac pain complet sans cornichon?".
  • Je sais bien qu'un job est fait pour avoir de l'argent, que ce n'est pas le pire boulot du monde, que j'ai eu la chance de tomber sur des collègues sympas, sur des supérieurs "normaux", sans complexe du "petit chef tyrannique" mais la créativité me manque. Malgré l'effort physique, le bruit, certaines odeurs; ce qui me manque le plus c'est l'innovation, l'initiative, le risque, un petit grain de folie.
  • Je me dis que j'en demande trop, qu'il faut arrêter les gamineries. Que je commence à avoir des goûts de luxe. Et puis...
  • Je me dis que j'ai la chance de ne pas devoir payer mon loyer et mes études. Que je peux bouffer autre chose que des pâtes de basse qualité sans me ruiner et devoir me serrer la ceinture la fin du mois arrivée. Je vis encore au crochet de mon père.
  • J'ai décidé de saisir cette chance de ne pas être bloquée, de pouvoir choisir. Je voyais mes collègues aussi blasés que moi, obligés de continuer depuis plus de deux ans pour certains, obligés de payer leur appart', leur école, leur permis. D'autres n'étaient là "que" depuis cinq mois et savaient qu'ils devraient encore bosser au moins un an de plus. J'admire leur courage, j'essayais de ne pas avoir l'air trop heureuse de démissionner, d'être en position de force par rapport à l'employeur. Je ne voulais pas donner l'impression de ne pas apprécier la valeur d'un salaire mérité. Je voyais leur envie de partir aussi dans leurs yeux, leur ennuie, leur surprise aussi.
  • Mais je ne pouvais plus revenir, j'en étais incapable, dégoûtée. C'est allé tellement vite que je m'en voulais un peu, me disant que ça avait l'air d'un caprice.
  • Mes décisions sont tout simplement radicales...
  • J'ai donné ma lettre de démission, j'ai rendu mon uniforme ce matin. J'ai lavé mes sur chaussures pleines de graisse, de bouts de frite écrasée et de coulis de caramel. J'ai pris mon solde et ma paye. Premier chèque encaissé gagné à l'huile de mes coudes.
  • Le banquier avait hâte que je me casse. Je m'embrouille toujours les pinceaux avec les opérations financières et mets trois quarts d'heure pour remplir un bordereau...
  • McDo aura donc été une expérience courte mais utile. Je sais que le contacte avec la clientèle (du moins dans ce cadre-là), la vente, la super productivité et la restauration rapide ne sont pas faits pour moi. Je sais aussi qu'un "Bonne journée" (tellement ahurissant sur le coup que tu ne sais pas comment répondre) ou un "Bon courage" sont des moments de grande émotion pour une caissière. Oui oui, avec la petite buée dans les yeux et tout...
  • Je n'entrerai pas dans le débat pro McDo/anti McDo (article déjà trop long) parce que ça ne m'intéresse pas. Je ne suis ni pour ni contre.
  • Bonne hygiène dans mon resto même si la règle de se laver les mains toute les demis-heure est un mythe. En même temps, imaginez tout le personnel à la queue leuleu devant le lavabo en plein rush. Les gens veulent de l'aseptisé mais ce qu'ils veulent encore d'avantage c'est être servis rapidement.
  • Equipe sympa même si mon court séjour ne m'a pas permis de creuser en profondeur.
  • Je n'étais pas du genre à inciter les gens à aller manger fast food avant ce premier job (je n'y allais moi-même quasiment jamais), je n'inciterai personne à ne pas y aller maintenant que j'en suis partie.
  • Pas de bonne pub. Ni de mauvaise.
  • McDo reste un emploi très accessible à toute personne souhaitant toucher un peu de maille. Travail assez dur qu'il vaut mieux garder en période de pénurie sévère ou en parallèle d'études passionnantes grâce à l'avantage de pouvoir créer un emploi du temps en fonction de sa scolarité (qui reste prioritaire).
  • Un lien menant au blog d'une (ancienne) équipière McDo et qui est très bien fait. Drôle, amenant à la réflexion. Chacun en tire ses propres conclusions, se fait sa petite opinion.
  • Peut-être ne suis-je pas restée là-bas assez longtemps pour voir l'aspect sectaire (diabolique pour certains) de l'enseigne mais Mc Do est simplement une énorme machine capitaliste, qui aime le profit au détriment de certaines problématiques plus humaines dirons-nous. Mais ça n'a jamais été un secret pour personne.
  • En ce qui concerne les problèmes de santé, la junk food, l'obésité..., je dirais que les sociétés ne sont pas dénuées de responsabilité mais le libre arbitre, la pensée individuelle et le choix libre de tout à chacun existent également. Jamais tout blanc, jamais tout noir. Ce serait trop simple.
  • Je retourne donc à mon baby sitting un rien pistonné, laisse ma place à ceux qui en ont vraiment besoin et apprécie de nouveau un week end libre et non rémunéré.

2011/11/23

Douceurs

  • Je viens d'acheter mon calendrier de l'avent. Le premier depuis au moins trois ans!
  • C'est un bijou, un trésor truffé de chocolats Milka. Plus de 300 grammes, 45X25 cm, 4 cm de profondeur. UNE TUERIE!
  • Je l'avais vu il y a trois semaines, au Carrefour Maket près de chez mon frère. Ma mère, qui était venue rendre visite, a remarqué la flamme de désir intense dans mon regard mais j'ai refusé qu'elle me l'achète. Comment tenir un mois en présence de ce monument de gourmandise?
  • Il reste une semaine avant le premier décembre. J'ai enfin trouvé un magasin près de chez moi où ils le vendaient. Je suis tellement contente de l'avoir. J'aurais même été prête à retourner à Vincennes pour l'acheter si je n'avais pas pu faire autrement. C'était celui-là et pas un autre.
  • La concurrence ne m'intéresse pas.
  • ça paraît sûrement banal aux autres. ça paraît sûrement con, mais j'étais vraiment heureuse d'avoir mon calendrier sous le bras en sortant du béni magasin...
  • Plus de trois ans que je me disais : "Il ne va pas tenir jusqu'au 24.", "Tu vas criser dessus à peine rentrée à la maison alors autant acheter de quoi faire une crise à la place.", "Tu vas prendre 3 kilos en une semaine.", "Tu ne pourras plus t'arrêter une fois commencé.", "C'est un aliment impur."...etc...
  • Du coup je me retrouve en plein milieu d'un mini challenge personnel qui aurait été bien plus dur à relever il y a quelques mois. Je me sens capable d'apprécier ce petit symbole de mon inassouvie gaminerie sans déraper.
  • Peu importe les hésitations, les questions, les angoisses alimentaires sans queue ni tête, j'aurais mon chocolat chaque jour à mon réveil. Je le mangerai avec plaisir (et un peu d'arrières pensées) sans y penser pour le reste de la journée, sans le jeter au bout de trois jours, sans me l'enfiler au fil d'une crise de ras-le-bol pendant un moment de faiblesse ou de jetage d'éponge.
  • J'aime retrouver cette part d'insouciance, l'enfant qui perce sous la carapace, qui s'émerveille de tout et qu'un carré de chocolat après une dure journée suffit à faire sourire.
  • J'ai encore du chemin à faire pour m'affranchir de moi-même mais je suis fière de sentir que j'avance.
  • Voici tout le cheminement philosophique apporté par un simple calendrier de l'avent. Voici également la preuve que l'enfance est encore restée loin derrière. Enfant, se pose-t-on toutes ces questions?
  • Une vidéo qui me redonne la forme au saut du lit, quand la journée donne l'impression de mal démarrer : Green Day's youngest fan learning their names.
  • Je viens de regarder le meilleur film que j'ai jamais vu de ma vie (avec "Fight Club", of course) : "L'effet papillon".
  • J'en avais entendu parlé souvent mais je croyais que c'était l'un de ces films pourris à l'eau de rose (demandez pas pourquoi...). Bref, par un pur hasard je découvre sur Youtube la vidéo d'une fan de Green Day qui a publié un "clip" pour "Whatsername" avec des extraits de ce film et en suivant l'histoire racontée par les paroles.
  • Il y avait également un commentaire qui disait que GD aurait pu s'inspirer de "L'effet papillon", qui est assez vieux, pour cette chanson.
  • J'ai regardé le film et waoooh... Il est sombre et m'a pourtant fait un bien fou.
  • Changer le passé n'est pas possible et ne rime à rien.
  • La vidéo ICI.

2011/11/17

The bright side of life

  • J'ai hésité à appeler cet article "The brightest side of the dark side of life" mais j'avais l'impression de trouver ça un peu trop long...
  • Juste pour dire que je n'ai jamais su quelle était ma véritable personnalité. Au moment où elle se construisait, tout est parti en vrille. La dépression rend triste, aigrie, pessimiste et totalement amorphe.
  • Peut-être suis-je entrain de devenir quelqu'un d'autre?
  • Peut-être suis-je entrain de redevenir moi?
  • Je suis passée de flemmarde sans ambition à déterminée et forte.
  • De réaliste/très pessimiste à réaliste/optimiste et pleine d'espoir.
  • Je me contente des petits bonheurs quotidiens qui, quand on cherche bien, existent bel et bien.
  • Voir que le prochain RER arrive dans plus de 20 minutes... puis avoir la surprise d'en voir un vide arriver seulement 2 minutes d'attente après.
  • Avoir dessiné un affreux cochon sur sa main pour faire rire (et patienter) le gamin que l'on garde en attendant que ses pâtes soient prêtes. Le voir rire. Et se retenir de rire soi-même en voyant l'affreux porc toujours présent sur sa main en plein milieu du RER.
  • Se rendre compte qu'il fait beaucoup moins froid que la veille.
  • Se rendre compte qu'il ne reste même pas deux semaines avant le début du calendrier de l'avant.
  • Voir que les bracelets que l'on a récemment achetés sont supers tous ensemble.
  • Avoir un iPod chargé à bloc pour un bon footing.
  • Footing super réussi malgré l'échec cuisant de la veille.
  • S'être endormie le jour précédent, le cœur lourd et en se disant que "ça ira mieux demain"... et se rendre compte que l'on avait raison! =)
  • Regarder le making of de Green Day. Revoir ces gueules d'amour.
  • Comprendre plus de choses qu'il y a quelques mois (pas de sous-titres français pour celui-là).
  • Partir de chez soi le cœur gonflé à bloc, de la musique plein les oreilles et voir l'air incrédule de ceux qui vous voient sourire sans raison dans la rue.
  • Rentrer chez soi au chaud après être partie de Neuilly à grands renforts de bisous gluants et partager un bon plat de spaghettis trop cuits et collants avec son père.
  • Le regarder mettre tout le pot de sauce bolo sur ses 500 gr de pâtes et y ajouter deux paquets de fromage râpé. Le regarder manger à même la casserole et voir sa jouissance de profiter d'un instant où la présence de sa femme n'est pas là pour lui rappeler les bonnes manières.
  • Se sentir en forme le soir pour la première fois depuis longtemps.
  • Se sentir bien dans ses pompes malgré la grosse compulsion de mardi soir et ne (presque) pas se prendre la tête.
  • Se sentir plutôt satisfaite de son apparence pour la première fois depuis des années. Et sincèrement cette fois!
  • Avoir la promesse d'une couette bien chaude et bien moelleuse après avoir fumé la cigarette et avoir bu le café du soir, éclairée à la lumière de l'ampoule glauque mais familière située au-dessus de la gazinière.
Il y a sûrement d'autres de ces moments qui ne me reviennent pas; et rien que ça, ça me fait un petit bonheur en plus ;).

Oh, boy...

  • Certaines fois les rencontres imprévues sont agréables, d'autres fois elles le sont moins. Ce que je peux dire c'est que beaucoup d'entre elles me montrent que le monde réel n'a rien à voir avec celui que je me suis bâti dans la tête. Dans ces moments là je peux voir à quel point les préjugés ont encore de nombreux jours heureux devant eux...
  • Je mettrai les choses au point.
  • Les lesbiennes ne sont pas venues au monde pour faire plaisir aux hommes en se "câlinant" devant eux.
  • Un homme qui cherche un plan à trois avec deux femmes n'a rien d'original.
  • Deux femmes qui cherchent un plan à trois avec un homme sont aussi rares que les chances des kékés qui t'abordent dans la rue de remporter un numéro.
  • Les lesbiennes SONT lesbiennes. Pas actrices pornos. ('Fin pas toutes ;))
  • Une lesbienne ne l'est pas seulement car "elle n'a pas trouvé l'homme qui les comblait" (elle et son vagin...).
  • Etre lesbienne ce n'est pas "se contenter de femmes en attendant la venue du digne héritier du phallus divin".
  • Que ceux qui ont du mal à accepter que les femmes puissent se suffire entre elles se rassurent. Il est des centaines de millions d'hétérottes qui n'attendent qu'eux. Alors qu'ils laissent les autres tranquilles.
  • Si une lesbienne souhaite avoir une expérience hétérosexuelle, elle sera très certainement capable d'entreprendre cette démarche seule et choisira sans doute quelqu'un de confiance, de longuement connu plutôt qu'un baltringue pervers croisé au milieu d'une rue.
  • Peut-être qu'une femme homosexuelle tombera un jour amoureuse d'un homme comme beaucoup de personnes hétéros se sont un jour retrouvées sous le charme d'une personne de même sexe qu'elles. Une exception arrive de temps à autres. L'exception de l'Amour, le vrai. Celui qui n'a pas de sexe, qui n'a pas d'âge.
  • Encore une fois, le dragueur du dimanche qui aborde et racole telle une pute une nuit d'hiver a peu de chances d'être l'exception qui confirme la règle de n'importe quelle orientation sexuelle.
  • Continuez votre route, jeunes hommes amateurs de films X et qui semblent croire que les femmes ne peuvent qu'être douces entre elles.
  • Trouvez-vous une copine bi si c'est le genre de choses qui vous excitent.
  • Nous vivons dans une société où l'hétérosexualité est la norme, où l'homosexualité est tolérée. Cela n'empêche pas de recevoir un minimum de respect.
  • Lorsque tu me demandes "ce que je peux bien faire au lit avec ma copine" est-ce que je te demande, moi, par quel trou tu pompes ta gonzesse?
  • Cette question d'orientation prend trop d'ampleur. Entre ceux qui jugent et discriminent à cause d'elle et ceux qui ne se définissent qu'en son nom.
  • Je ne suis pas homosexuelle.
  • Je suis une fille qui au lieu de rentrer chez elle après le boulot pour voir son chéri, rentre chez elle après le boulot pour voir sa chérie.
  • Je ne demande pas à être tolérée. Si je dois être tolérée pour quoi que ce soit c'est pour mon caractère, pas pour ma sexualité.
  • Si je dois être définie, c'est par mes qualités et mes défauts.
  • Je ne suis pas plus du côté des homophobes que du côté de ceux qui nous trouvent "mignonnes".
  • Je ne suis pas plus du côté de ceux qui refoulent ce qu'ils sont vraiment que de celui de ceux qui ne veulent être vus que par leur orientation sexuelle. Ceux dont la "fierté" est ce qu'il se passe dans leur chambre.
  • Je comprends les hétéros qui sont dégoûtés à l'idée d'avoir une relation homo, comme je comprends les homos dégoûtés à l'idée d'avoir une relation hétéro.
  • Tout est dans l'harmonie. Vouloir éradiquer la discrimination fait souvent tomber dans l'extrême.
  • Le féminisme dans la haine des hommes.
  • L'anti-homophobie dans l'hétérophobie.
  • L'anti-racisme dans la paranoïa de la ségrégation raciale.
  • Faites vôtre bout de chemin et aidez-vous les uns les autres si cela peut vous aider à mieux dormir le soir. Mais les pseudos guerrieros de la bonne conscience, les intolérants cachés sous leurs costumes de personnes ouvertes d'esprit et les radicaux de la parole juste et de la paix dans le monde me donnent des envies de kamikazes islamistes extrémistes.