2011/11/27

Avenir, es-tu là?

  • Ah... Je savais bien que je n'allais pas l'avoir ce concours d'entrée en école d'éduc' spé.
  • Il existe un petit désagrément qui m'arrive de temps à autre. Les crises d'angoisse ou attaques de panique. J'en avais eu quelques unes dans le passé sans vraiment les identifier en tant que telles sur le coup. Je me suis toujours sentie anxieuse en cours, dans les endroits surpeuplés, fermés. Sans aller jusqu'à l'agoraphobie ou la claustrophobie cependant. J'ai toujours réussi à garder plus ou moins le contrôle de moi-même.
  • Je suis également le genre de personne qui, lorsqu'elle a un truc en tête, en devient obsédée et ne parvient plus à se concentrer sur autre chose. Que ce soit un film, un bouquin, une personnalité. Simplement pour noter en passant que je présente pas mal des névroses largement répandues dans ce monde et qui atteignent chacun d'entre nous à différents niveaux.
  • Ma vraie première crise de panique s'est déroulée au concert des Guns 'n' Roses, en septembre 2010. Le 13 septembre 2010 pour être précise.
  • Impression d'étouffer, d'avoir envie de vomir, d'être sur le point de tomber dans les pommes, de devenir folle pour le restant de mes jours et de devoir mourir pour y palier. Je raconte pas le bordel...
  • J'avais déjà été à des concerts en fosse, notamment à celui de Korn. Groupe de métal, aux fans très "enthousiastes" et "collants" (et glissants, vive la sueur ;)).
  • J'ai donc attribué ma crise d'angoisse au fait de me sentir compressée. Au bout de plus d'une heure et demi écrasée par de costauds et virulents rock 'n' roller, quoi de plus normal? Je me suis juste demandé "pourquoi cette fois-ci et pas une autre?". ça m'aurait quand même plus dégoûtée de devoir quitter le premier rang d'un concert de Green Day mais devoir retraverser toute la fosse après m'être démenée pour être à trois mètres d'Axl Rose... grr... La rage.
  • 'Fin bon. Si je sais bien une chose c'est que le fait de craindre les futures crises d'angoisse les déclenche presque automatiquement. J'ai donc décidé de ne pas tomber dans ce cercle vicieux et de ne pas me laissée happer par cette folie douce. Je me suis rassurée (sans trop y croire) en me disant que la vie quotidienne était loin d'être remplie de ces situations angoissantes d'enfermement. Après tout, être serrée comme une sardine dans le métro ce n'est rien et, à la limite, sortir quelques stations avant la mienne pour reprendre mes esprits n'a rien d'infaisable en soi.
  • C'est donc confiante et légèrement stressée que je me rends à mon épreuve écrite d' éducatrice spécialisée. Je ne me sens pas très à l'aise, j'ai cette sensation d'être de nouveau au lycée, je n'aime pas cette ambiance mais je m'oblige à transcender tout ça.
  • Arrivée dans la salle d'examen je pose mes affaires et attend patiemment que la demie-heure qui nous sépare du début de l'épreuve prenne fin. C'est alors que je commence à me sentir comme à l'école. Personne ne parle. ambiance studieuse qui s'intensifie lorsque l'épreuve commence pour de bon.
  • Je suis en sueur, mes mains tremblent. J'ai la sensation d'être loin, très loin. Que ma vision se trouble, je me sens trop légère comme si je m'évanouissais. Je demande à aller aux toilettes.
  • J'en profite pour me passer un peu d'eau sur la figure, pour respirer, me calmer. ça semble aller mieux. Je retourne à ma place et l'enfer continue.
  • Je suis crispée, je gesticule, j'essaie de respirer, de faire redescendre mon pouls à une cadence normale. Comme dans les films. Comme les moines Shaolins pour qui cela semble si facile. Je fais tout pour me détendre mais c'est peine perdue. Mon ventre se contracte et semble "exploser" de l'intérieur, il gargouille comme si j'avais faim. Encore une chose qui me fait me sentir encore plus mal à l'aise.
  • Finalement, 30 minutes après le début de l'écrit, je demande à la surveillante si je peux partir. La mine dépitée, je lui explique ce qui m'arrive. Je suis déçue de devoir capituler mais tellement désespérée de quitter cet endroit.
  • Elle me dit qu'elle aussi fait des crises de panique et que c'est dommage d'abandonner mon concours pour ça. Elle appelle donc une responsable de l'école et celle-ci me permet de passer l'épreuve dans une salle isolée située à côté du secrétariat. Je la bénis intérieurement. J'ai déjà perdu pas mal de temps mais me mets au boulot. Je vais beaucoup mieux même si je me sens un peu faiblarde.
  • Malheureusement le sort s'acharne contre moi. Grande page blanche lorsqu'il s'agît de répondre à la seconde (et dernière) question de l'exercice. Je sais bien que le social regroupe énormément de générations, de genre de handicaps différents, de problématiques MAIS : Quel jeune, même hyper calé sur l'actualité en maison de retraite, connaît quoi que ce soit au débat du "Cinquième risque" en institutions pour personnes âgées? QUI? Il n'y a peut-être que moi que ça n'intéresse pas... Désolée...
  • Déjà qu'ils nous ont foutu un texte sur les vieux, il faut en plus connaître tous les débats, toutes les législations en vigueur à ce sujet là? Quand bien même 99% des participants avaient mon âge? Et bien je dis merde.
  • J'ai eu 6 points pour ma copie, pour une question. Bien sûr ce n'est largement pas assez pour être dans les 95 premiers participants. Pour être sélectionné il faut s'instruire sur les sujets les plus chiants du monde. C'est peut-être mal perçu mais je n'aime pas tout ce qui touche aux vieux, à la retraite, aux hospices... Peut-être que ce qui se cache derrière me fait peur? Peut-être que je suis un monstre? Mais chacun ses envies. Vouloir faire dans le social ne signifie pas jouer les Mère Thérèsa.
  • Ce que j'ai remarqué de positif cependant, c'est que je suis toujours bien entourée au moment où une grosse crise de panique pointe le bout de son pif.
  • Ma référente était là pour moi lors de ma crise au ski à 2000 mètres d'altitude.
  • Ma porte blindée et le cocon de mon lit étaient là eux aussi, la veille des Guns, après ma crise en pleine rue.
  • Et celle qui eut lieu aux Guns me permit de faire la connaissance de deux Gunners trentenaires très sympas. L'un maître d'une classe de CE2. L'autre, agent immobilier. Le premier était sujet aux attaques de panique (là aussi, la chance fait que je tombe toujours sur des "condisciples", ce qui prouve bien que c'est beaucoup plus répandu que ce que l'on croit) et m'a rassurée, m'a faite prendre l'air, m'a évité de rester seule alors que je paniquais encore plus de ne pas savoir ce qui m'arrivait.
  • Le second m'apportait de grands verres à pintes en plastique remplis d'eau fraîche du robinet (ou des chiottes, pour ce que j'en sais...) et m'allumait mes clopes tant mes tremblements me rendaient incapable de le faire moi-même.
  • Ils m'ont permis d'être "surveillée" en période critique jusqu'à ce que mon frère (à qui j'avais dit de rester devant et de profiter) vienne me rejoindre dehors et prenne le relais.
  • Un grand merci à toutes ces personnes, ces anges d'un instant.
  • Quant à mon concours, je ne m'arrête pas là et ne suis pas le moins du monde surprise d'avoir échoué. Peut-être est-ce une chance finalement. De quoi, on verra. Ce qui me tracasse c'est de me dire que le fait de me retrouver dans une salle remplie de monde mais SILENCIEUSE me fait perdre mes moyens. Bonjour les DST et les exos surprises en cours. Je ne supporte pas un endroit rempli de personnes qui ne parlent pas , qui ne font aucun bruit. Au moins, ça je le sais.
Pour un petit bonus sympa : imaginez un prof de CE2 censé montrer l'exemple et un agent immobilier censé être clean, à un concert de hard rock, en mode rock 'n' roll à fond et largement imbibés de bière. Il y a de quoi ne plus jamais regarder les profs et les gentlemen en costards de la même façon...

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